Grâce à cette particularité, sa vigilance est permanente : lorsqu’une tête dort, l’autre reste parfaitement éveillée. L’Amphisbène aime à attraper l’une de ses têtes dans la gueule de l’autre : il forme alors un cercle parfait et peut se déplacer en roulant comme un anneau.

L’autre roi des serpents

L’Amphisbène est un adversaire redoutable : sa morphologie lui permet d’avancer aussi bien en avant qu’en arrière, et il se meut ainsi à la vitesse de l’éclair. De plus, son venin est mortel et ses yeux rougeoyants ont le pouvoir d’ensorceler ceux qui les fixent. À l’instar des Basilics, les Amphisbènes sont considérés comme les rois des serpents et on prétend que ceux-ci leur obéissent servilement. Par ailleurs, ces reptiles seraient totalement insensibles au froid, même le plus vif. C’est sans doute pour cette raison que leur peau a la réputation de cicatriser les engelures et de réduire tous les dommages causés par le froid.

Le sang de la Gorgone

On raconte que les Amphisbènes seraient nés du sang de la Gorgone Méduse, dont la chevelure était constituée de serpents. Le héros grec Persée l’avait vaincue et regagnait son pays en survolant le désert de Libye à l’aide de ses sandales ailées. Il portait entre ses mains la tête de Méduse, dont le sang s’écoulait encore. Chaque goutte qui tomba alors sur le sol donna naissance à une nouvelle espèce de serpents mortellement dangereux.

Une figure héraldique

Au Moyen Âge, l’Amphisbène devint une figure classique des bestiaires et surtout de l’héraldique, où il symbolise la victoire du Bien contre le Mal. On le retrouve sur de nombreux blasons, généralement disposé en forme de 2 ou de 8. Il perd alors son corps serpentin pour ressembler à un dragon doté de deux ailes, de deux pattes et d’une queue terminée par une seconde tête