• LA LEGENDE D'ISA BERE

    Samba, le fils du roi Faraka, était un prince fougueux, toujours en quête de gloire et de renommée. Un jour, alors qu’il voyageait avec son précepteur Tarife, qui était aussi poète, celui-ci lui chanta les louanges de la princesse Annalia. Cette princesse, lui disait-il, était d’une beauté incomparable. Elle régnait sur le vieux royaume de Wa-gana ruiné par les nombreuses défaites qu’avait subies son père. Elle promettait d’épouser celui qui réussirait à reconquérir les quatre vingts provinces qui faisaient jadis partie de son royaume, mais que son père avait perdues.  

    En entendant ces paroles, le sang de Samba ne fit qu’un tour. Il rassembla immédiatement ses meilleurs hommes et partit pour le royaume de Wa-gana. Arrivé là-bas, il demanda une audience avec la princesse et promit à cette dernière de reconquérir ses quatre-vingts provinces perdues. Puis, il partit aussitôt avec ses hommes pour affronter les armées rebelles. Il traversa le pays de long en large. Chaque fois qu’il remportait un combat, il envoyait le roi de cette province voir la princesse en lui disant : « Va rendre hommage à la princesse Annalia. Elle est maintenant ta souveraine », puis il reprenait sa route jusqu’à la province voisine, en compagnie de ses hommes.

    Bientôt, toutes les provinces furent regagnées et Samba se rendit au palais de la princesse, en compagnie du dernier roi défait. Quand ce dernier se fut agenouillé devant la princesse pour lui prêter allégeance, la princesse Annalia se retourna vers Samba et lui dit : « Mon cher Samba, tu as réussi à regagner toutes les provinces perdues. Je suis à toi. Épouse-moi. » Et leurs noces furent célébrées peu de temps après, dans la plus grande allégresse. Mais, au grand chagrin de Samba, la reine Annalia restait bien sombre. Après de longs efforts, Samba réussit à lui faire dire ce qui la tracassait.  

     

    « Mon cher mari! La belle rivière Joliba – le fleuve Niger –, qui coulait autrefois à flots, est maintenant complètement asséchée. Les animaux périssent, les champs ne produisent plus et la famine règne. La région dépérit et mon peuple est dévasté. Tout ça est la faute d’Isa Bere, un dragon assoiffé, qui boit toute l’eau du fleuve à sa source, plus haut dans les montagnes. Va et tue-le pour moi! »

    L’honneur de Samba était en jeu. Il se mit donc en route, en compagnie de ses meilleurs hommes. Samba et sa troupe gravirent les nombreux sommets du Fouta Djallon les uns après les autres, toujours à la recherche d’Isa Bere, le dragon assoiffé. Finalement, après de nombreuses journées de marche, ils aperçurent le dragon et s’en approchèrent. Mais, Isa Bere n’était pas une proie facile, bien que les hommes de samba fussent d’excellents chasseurs.  

    Le combat dura longtemps. Très longtemps, en fait. Pendant huit ans, Samba et ses hommes luttèrent contre le dragon sans en venir à bout. Huit cents lances furent cassées contre la peau coriace du dragon sans arriver à la transpercer. Quatre-vingts épées furent brisées sans arriver à tuer le terrible dragon.

    Puis un jour, alors que la force et les armes commençaient à manquer, Samba lança sa dernière lance et atteignit le dragon en plein coeur. Avec sa dernière épée, il lui trancha la tête. Ensuite, il envoya Tarife annoncer la bonne nouvelle à la princesse, puis, enfin, il se reposa. Et l’eau recommença à couler dans le grand fleuve.

    fleche retour


  • Commentaires

    Aucun commentaire pour le moment

    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :