• Depuis plus de deux siècles, les habitants des Alpes suisses, bavaroises et autrichiennes affirment avec une étonnante persistance que leurs montagnes abritent un animal fabuleux inconnu de la science : le Tatzelwurm, ou littéralement “ver à pattes”. Cette espèce de petit dragon possède un long corps écailleux semblable à celui d’une épaisse anguille ou d’un gros serpent sans queue ni cou. Il est muni de deux petites pattes atrophiées à l’avant et possède une tête ronde qui rappelle celle d’un chat. Une bien étrange combinaison…

    Un mystérieux serpent-chat

    Le Tatzelwurm est aussi doté d’une langue bifide, qui jaillit entre ses crocs énormes et acérés, et d’un regard perçant, qui glace de terreur tous ceux qui l’aperçoivent tant il est agressif. Sa peau est décrite tantôt comme blanche, tantôt comme noire, et elle est parsemée de tâches orange comparables à celles qui ornent les salamandres. La créature mesure, d’un bout à l’autre, entre 30 centimètres et un mètre selon les versions, et elle est capable d’effectuer des bonds prodigieux. De nature belliqueuse, elle n’hésite pas à attaquer ceux qui osent la déranger sur son territoire.

    La vraie nature du Tatzelwurm

    Cette description détaillée de l’apparence et des mœurs du Tatzelwurm a pu être établie grâce aux très nombreux témoignages recueillis au fil des années : plusieurs centaines de personnes prétendent en effet l’avoir aperçu dans des zones retirées des montagnes. Cependant, aucun Tatzelwurm vivant n’a pu être capturé ni aucun cadavre jamais retrouvé. Malgré cette lacune de taille, l’accumulation des témoignages a poussé plusieurs chercheurs à se pencher sur son cas et différentes hypothèses ont été envisagées. Pour certains, le Tatzelwurm serait une espèce inconnue de lézard venimeux de la famille des Hélodermes, normalement spécifique au continent nord américain. Pour d’autres, il s’agirait plutôt d’un cousin de la salamandre, ou encore d’une variété de batracien non répertoriée. Mais tant qu’aucun spécimen n’aura été découvert, le Tatzelwurm appartiendra plus sûrement au domaine des légendes…

     

    Quelques témoignages

    - L'ingénieur Hans Flucher mena une enquête sur le Tatzelwurm au début des années 1930 pour le magazine de vulgarisation scientifique . Il obtint ainsi le témoignage de l'officier des chemins de fer en retraite Kaspar Arnold, qui observa l'animal en juillet 1883 ou 1884, sur le versant ouest du Spielberg (près de Hochfilzen, Tyrol) :

     

    "[Arnold observa] cet animal de seulement 30 cm de longueur et épais comme l'avant-bras. Il prit une position agressive contre l'intrus, qui évita l'animal par un grand détour, et put alors l'observer pendant un bon laps de temps. Il le décrit comme ayant la forme d'un grand lézard, avec cependant une queue plus courte et beaucoup plus épaisse, avec seulement deux pattes de devant semblables à celles d'un basset; et il est sûr qu'il n'y avait pas de pattes de derrière. Peau nue ou finement écailleuse, couleur brun-verdâtre et regard perçant qui engendre la peur. Une confusion avec un autre animal de notre région n'est pas possible, car tous ceux-ci comme la loutre, le putois, la martre, etc., sont connus du témoin." (d'après Flucher 1932).

     

    - De même, Flucher recueillit le témoignage du concierge d'hôtel Johann Biechl, qui en tant que vacher sur l'alpe du Hochfilzen dans le Rauris eut au cours de l'été 1921 l'expérience suivante, en compagnie d'un braconnier du nom de Hein :

     

     

    "[...] ils entendirent à une certaine distance un chamois siffler, ce qui étonna beaucoup le braconnier, à cause d'un vent favorable. Mais bientôt il réalisa que ce n'était pas un daim, mais un autre animal qui sifflait si étrangement, et ils suivirent en cachette le bruit. Après quelque temps ils remarquèrent sur un bloc de rocher un animal qui les fixait avec "un regard terrifiant, perçant, hypnotique". Le braconnier mit en joue, le coup partit en un clin d'œil, mais l'animal bondit en un énorme arc de 3 m de hauteur et 8 m de longueur entre les deux hommes qui tournèrent les talons au plus vite. De l'avis du tireur, c'était un Tatzelwurmque notre témoin décrit comme suit : environ 60 à 80 cm de long et épais comme le bras, tête comme celle d'un chat, grosse comme le poing, sans rétrécissement du cou visible, se fondant avec une épaisseur régulière dans le corps épais et cylindrique. La queue d'épaisseur constante et assez brusquement devenant pointue "comme une carotte". Pour sûr il n'y avait sur l'animal que deux très courtes pattes antérieures dirigées vers l'extérieur, qui se décollaient nettement du corps lors du saut. La couleur de l'animal était grise, à peu près comme celle du rocher sur lequel il se tenait." (d'après Flucher 1932).

     


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