• LE DRAGON DE LA DORDOGNE

     

     

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    Lalinde - 24150

      site officiel : LALINDE

     

     

     

    Le coulobre, un monstre démesuré, a longtemps hanté les berges de la rivière. Si la légende remonte au Moyen Age, la région entière en porte encore les traces.

    D’étranges rochers affleurent à la surface, troublant les eaux paisibles de la Dordogne. Fins et allongés, ils semblent sculptés au scalpel par la main d’un géant. Nous sommes à Lalinde, un bourg de 3.000 âmes en amont de Bergerac. Une jolie église, de charmantes maisons, des vestiges de remparts, l’été venu, cette région du Périgord attire des milliers de touristes. Mais ne vous fiez pas à ce calme de carte postale. Dans les entrailles de la rivière sommeille en effet le souvenir d’une bête monstrueuse. Regardez de plus près ces mystérieux rochers. Une simple fantaisie de la nature ? Peut-être pas ! A en croire les habitants du cru, ils constitueraient les restes du squelette d’un dragon.

     

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    Ou plutôt, de celui du coulobre – couleuvre en langue d’oc. Prononcé avec cet accent rocailleux et chantant du coin, ce seul mot fait frémir. Car l’animal, aussi appelé « gratusse », aurait englouti des dizaines d’innocents. Arborant une tête de dragon, un corps allongé comme celui d’un serpent, il était doté de pattes griffues, si grandes qu’il pouvait enjamber la rivière. A la hauteur de Lalinde, celle-ci fait bien cent pas de large ! Il se tapissait dans une grotte au milieu de coteaux boisés, sur la rive gauche. Ses proies de prédilection : les gabariers, ces marins d’eau douce qui descendaient la Dordogne dans leurs embarcations à fond plat chargées de bois. D’un coup de queue, le coulobre s’enroulait autour du bateau avant d’entraîner ses occupants dans les profondeurs de la rivière ou dans son antre pour les dévorer. Mais la « bestiole » montrait autant d’appétit pour les jeunes lavandières qui venaient sur ces rives que pour les égarés.

    L’apparition du dragon de la Dordogne remonte au Moyen Age. La rivière est alors une voie de communication essentielle entre le Massif central et Bordeaux. Aucun barrage ne régule son cours. « Les ponts que l’on connaît aujourd’hui nous donnent une idée du volume des flots. Entre les hautes et les basses eaux, l’amplitude était de 15 mètres ! », relate Daniel Chavaroche, un conteur local. « A l’époque, deux passages se révèlent particulièrement dangereux pour les gabarriers », poursuit-il. Le premier est un rapide, à la hauteur du petit port de Lalinde. Des marches géologiques y créent un courant très vif sur des dizaines de mètres. Autre passe délicate : les « pesqueyroux », des pieux plantés par les pêcheurs pour amarrer leurs filets et capturer les saumons dont regorge la rivière. Autant d’obstacles pour les bateliers, du haut de leurs embarcations très instables. Au fil de l’eau, les disparus s’accumulent.
     

    Saut Gratusse

     

    « Le mythe du monstre est sans doute né de cette réalité topographique », décrypte Yan Laborie, conservateur au musée de Bergerac. Car les récits terrifiants apparaissent au moment même où le pouvoir religieux entend se départir du paganisme. Le dragon fournit une explication parfaite pour justifier ces accidents et ces disparitions de vierges innocentes. Comment le terrasser ? Les religieux ont leur petite idée : « Entre le VIIIe et le Xe siècle, le Périgord s’est ainsi “trouvé” un saint, qui appartenait sans doute déjà au fonds païen local, saint Front », résume Yan Laborie. Appelé en renfort, il combattra le dragon à l’épée, près de Lalinde. Selon les versions, la bête serait retombée dans la rivière, engendrant une crue historique. Dans sa chute, elle aurait aussi formé le rapide surnommé aujourd’hui Saut de la Gratusse. D’autres préfèrent croire que le coulobre serait retourné d’où il venait : des Enfers.

    La légende porte ses fruits. Devenu évêque de Périgueux, saint Front y est honoré par la construction d’une cathédrale. Sur un promontoire dominant la rivière, en face de Lalinde, on lui érige une petite chapelle – bâtie du VIIIe au XIIe siècle. Dès lors, pour éviter de réveiller le coulobre, les marins apeurés s’y signeront à chaque passage. Et le dragon ne sévira plus. Pour parer aux deux passes dangereuses sur la Dordogne, on entreprend la construction d’un canal. Achevé à la fin du XIXe siècle, il n’a jamais servi, rendu caduc par l’arrivée du chemin de fer. Quant aux gabarriers, leur activité déclinera jusqu’en 1850, pour cesser dans les années 1920.
     

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    Aujourd’hui, si le coulobre ne hante plus les profondeurs du fleuve, il serpente dans l’imaginaire de la région. « Quand ma grand-mère était petite, on racontait encore qu’il mangeait des vaches à Lalinde », s’amuse l’érudit Yan Laborie. L’environnement splendide de la région se prête à un jeu de piste grandeur nature, sur les traces de son passage. Entretenue avec gourmandise par les anciens, la légende a même été remise au goût du jour par Epidor, l’établissement public chargé de la protection de la Dordogne, qui en a fait son emblème. « C’est le dragon qui revient pour défendre la rivière, qui crache le feu pour donner des leçons sur la préservation de ses rives », s’amuse Guy Pustelnik, le directeur d’Epidor. Aujourd’hui, 300.000 canoës descendent le cours d’eau chaque année, sans craindre le serpent maléfique. Et pourtant, « on affirme que le coulobre réapparaît dans des conditions très particulières », lance le conteur Daniel Chavaroche. Plus exactement « au cours de nuits très arrosées… ». Ces soirs-là, mieux vaut ne pas s’aventurer sur les berges de la Dordogne, c’est certain.


    Balade sur les traces du coulobre

    Pour vous rendre à Lalinde. De Bergerac, prendre la D660 (environ 25 km). A voir : le rapide du Saut de la Gratusse, la chapelle Saint-Front de Colubry. 
    Dans les environs. A Bergerac : les armes de la ville mettent en scène un dragon ailé. A Périgueux : la cathédrale Saint-Front et le retable sculpté de l’église Saint-Etienne de la cité. Près de Spontours, un rocher porte son nom. Sur une maison de Mauriac, comme dans un cloître de Cavagnac (Lot), des sculptures à son effigie. Descente de la rivière en gabarre. Office de tourisme de Dordogne : http://www.dordogne-perigord-tourisme.fr/

     

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    Sources : http://archive.francesoir.fr/actualite/societe/mysteres-nos-regions-l%E2%80%99impitoyable-dragon-dordogne-55534.html

     

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  • Commentaires

    3
    Tone
    Samedi 28 Février 2015 à 08:19
    Bonjour, Nous vous invitons à l'exposition sonore publique ; " A la recherche du dragon Coulobre sur la rivière Dordogne " le Samedi 21 Mars 2015 à partir de 10h / Salle Brocca / 33220 Sainte Foy La Grande > Projet réalisé par les élèves (4ème D), les professeurs et l'artiste Anthony Bacchetta Organisation par le collège de Port Sainte Foy, association Zone Franche Soutenu par le Cg33, la Mairie de Sainte Foy la Grande, le Ministère de l'écologie, de l'énergie et du développement durable.
      • silivren Profil de silivren
        Lundi 2 Mars 2015 à 21:34
        Merci beaucoup pour cette invitation, ça fait malheureusement un peu trop loin de chez moi (je suis dans l'Aube) mais je pourrais malgré tout relater l’événement si vous pouvez me fournir des photos et des éléments pour étoffer un article :-)
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    2
    Ely40
    Samedi 15 Novembre 2014 à 20:37
    Coucou ma Sil, Très bel article sur ce coulobre qui est bien resté dans les mémoires des villageois. Très belles photos. Merci pour ce partage et bonne soirée. Gros bisous :)
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