Comme toute terre de légende qui se respecte, les Ardennes possèdent leurs dragons. Le récit le plus répendu à ce sujet est celui qui a pour cadre la ville de Mézières :

Il existe dans le cours de la Meuse, au sud du faubourg de Saint Julien un trou d’eau nommé « le Fosse au Dragon ». La rivière est en cet endroit assez profonde et les tourbillons tumultueux et violents qu’elle y forme ont causé souvent la mort de baigneurs imprudents : de là une mauvaise réputation qui remonte à plusieurs siècles. Mais d`où vient ce nom de Fosse au Dragon ? La légende nous le dira.

  Vers la fin du XIIème siècle, un chanoine de l’église collégiale s’éprit d’une nonne du couvent des Annonciades et ils eurent tous deux des rapports charnels. Dieu les punit car de leur union naquit un reptile qui en grandissant devint un terrible dragon d’une méchanceté sans pareil. Il se mit à dévorer les enfants et les jeunes filles, l’air alentour de son antre était irrespirable et ses hurlements comme ceux de ses victimes glaçaient le sang des habitants  

Un évèque, protégé par de preux chevaliers osa un jour aller à sa rencontre et l’aspergea d’eau bénite. Le monstre fut paralysé et 

enfermé dans une cage avant d’être jeté dans la Meuse. Dans l’eau il se débattit si furieusement que ses griffes creusèrent le lit du fleuve à cet endroit que l’on nomme encore aujourd’hui « la fosse au dragon ».

Par la suite, tous les ans, jusqu’au XVIIIè siècle, une procession fut organisée jusqu’au lieu où le dragon sombra, en face de Saint Julien. A l’issu de chaque procession organisée le mardi après la Trinité, un jambon était offert à chaque ecclésiastique de la ville, afin d’assurer sa subsistance.

Un des vitraux de Mézières, se trouvant derrière le maître-autel perpétuait la légende du dragon de Mézières. Il fut malheureusement détruit lors du bombardement de 1870.