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    Je connaissais le pouvoir des gifles du silence, mais qui aurait cru qu'elles pourraient crever aussi aisément les nuages ? J'ai bien tenté de rentrer mes griffes et de modérer la flamme, mais le ciel s'est déchiré comme un simple papier peint. Et derrière les papiers peints, il y a toujours des cafards, et d'anciens tournesols tristes. Au fond de moi je le sais, le ciel ne peut pas se déchirer, il devait s'agir de son ombre.

    Voulez-vous connaître la tragédie des dragons ? Ce sont des volcans. Des volcans qui sèment la lave et récoltent les cendres. Ils fertilisent, mais n'engendre pas, car les forêts sont trop faibles pour soutenir en elles l'intensité de leur amour. Des éclaircies qui les suivent, ils n'entendent que des légendes sans couleurs. La tristesse qui les emplies pourrait pulvériser les montagnes du grés le plus pur comme un château de cartes, mais les seules larmes qu'ils arrivent à verser se sont forger dans le sel et le sable.

    Parmis les bipèdes sans ailes, certains choisissent de cracher en liquide, d'autres empruntent des promesses à découvert ou signent des chèques en bois synthétique, d'autres encore paient de leur personne. On peut même en croiser qui égorgent les vestiges de leur fierté pour abreuver leurs succubes. Mais pas eux. Eux, ils ne paient que de leurs larmes. Des larmes de sel et de sable.

    Quand la douleur devient trop forte, ils muent. On les voie alors errer sans but, sans espoir, sans lendemain, En vain. Ils ne goutent plus rien que de pâles souvenirs. Pour renaître, ils devront à nouveau tremper leur langue dans la fournaise. Et chaque naissance contient son agonie. Et chaque souffrance est plus intense, plus lancinante que la précédente. Dans ce cas, pourquoi ne font-ils pas taire leurs ardeurs ? Sont-ils fous ? Sont-ils inconscients des risques qu'ils courent ? Non, mais ce sont des volcans.

    Des volcans qui sèment la fleur et le feu, la fleur après le feu. Ils fuient comme la peste les radiateurs tièdes et les flammèches froides. Ils ne prennent pas le thé, ils s'ennivrent dans ses draps de vapeur. Ils ne se contentent pas de faire l'amour, ils lui redonnent vie. Ils n'offrent pas l'avenir, mais partagent les clés de l'éternité.

    Voulez-vous savoir la tragédie des dragons ? C'est qu'ils aiment la neige sans jamais pouvoir l'embrasser. Seule la pureté peut résister à leur souffle, seule la sincérité d'un sentiment peut soutenir leur regard. Mais il ne reste jamais rien que la blessure d'un fol espoir.

    Vous pouvez les détester. Vous pouvez nous détester. Après tout, vous etes capable de vous renier, vous, pauvres bipèdes sans aile, êtres fragiles qui vous cassez les crocs sur nos écailles. Mais vous ne pourrez pas le faire sans briser en vous le lien entre la terre et le ciel.

    Le ciel... On m'a dit qu'il s'est déchiré comme un simple papier peint. Et derrière les papiers peints, il y a toujours des cafards, et d'anciens tournesols tristes. Au fond de moi je le sais, le ciel ne peut pas se déchirer, il devait s'agir de son ombre. Je ne modèrerais plus ma flamme. Dis moi mon Amour, veux-tu que je te calcine ?

     

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