•  

    Le dragon est un héros parfait, et la littérature jeunesse ne s'y est pas trompée.

    Méchant ou gentil, énorme ou lilliputien, carnivore ou pacifique, il s'adapte à tous les traitements.

    A quoi ressemble un dragon aujourd'hui ?

     

    keith-oatley-02
     
     

    Les amateurs de littérature jeunesse ne peuvent pas échapper au dragon, ce héros éternel et merveilleux. Des albums pour bébé jusqu'aux sagas fantasy, il est partout et glisse son oeil fascinant et sa peau écailleuse en couverture des livres. L'attrait pour cette créature à priori sombre est typique de l'imaginaire des contes : on a besoin d'un méchant. Les adultes se laissent d'ailleurs aisément séduire par ces aventures où le Bien affronte le Mal. Plus qu'un phénomène de mode, le dragon est devenu un symbole en même temps qu'un héros aux multiples facettes !

    Bien loin des animaux sculptés sur les monuments gothiques, le dragon a gagné une très grande capacité de déformation après quelques siècles de voyage dans nos imaginaires. D'un récit à l'autre, son aspect change du tout au tout : il passe du gentil monstre vert pomme à une créature sombre et luisante, propre à donner la chair de poule. L'illustration joue ainsi un rôle clé dans les fictions draconiques : elle définit tout de suite le ton du récit, permettant à l'enfant de s'imaginer les choses. Le dessin apporte également une notion de l'échelle, très importante pour savoir à quoi s'en tenir : est-ce que ce dragon tient dans la main ou bien est-il plus haut qu'un immeuble ?

    sticker-enfant-dragon-crachant-du-feu-3363

    La capacité du dragon a passer du statut de méchant à celui de précieux allié peut être troublante. Pourtant, ce parcours n'est pas inédit, et il ne s'est pas fait en un jour. Entre le dragon maléfique des contes et celui qui sympathise avec les écoliers, ayons une pensée pour le dragon ridicule. Comme pour le personnage de la sorcière, celui qui inspirait la crainte finit par se retrouver tourné en dérision. On s'est moqué de son gigantisme, on l'a rendu maladroit, paresseux ou grincheux : une manière de le tenir un peu à distance. Il a pu ensuite devenir un personnage positif. Pourtant, quel que soit son caractère, il reste toujours au centre de l'attention : pas de second rôle pour le dragon.

    Ce n'est donc plus une nouveauté, le dragon peut très bien se montrer bienveillant envers l'homme ou l'enfant. Cependant, même dans un l'univers du "gentil dragon", les rapports entre le monstre et la société sont variés. Il peut apparaître parfaitement intégré au monde de l'enfant, agissant comme un ami imaginaire, sous la forme d'une peluche qui s'anime par exemple. Il peut aussi conserver des habitudes qui nous rappellent son origine monstrueuse ; ses pulsions destructrices le rendent alors dangereux. Le récit peut adopter enfin le point de vue du dragon, les instincts violents de la "famille dragons" faisant alors partie de la normalité. Et dans bien des cas, l'humour intervient pour rapprocher l'univers de l'enfant et celui du dragon, donnant naissance à des personnages comme le "dragon pompier".

     

     

    Dernière évolution notable dans les histoires de dragon, la princesse ou la petite fille tient tête au dragon. Loin du rôle d'éternelle victime prise en otage par le dragon, l'héroïne contemporaine prend son destin en main. Dans la princesse et le dragon de Munsh et Matchenko, c'est le prince qui se fait enlever et Elisabeth, la princesse, qui vole à son secours. Dans la Chasse au dragon de Neve et Englebert, c'est encore la jeune princesse qui part en quête du dragon. Elle devance ses frères, et ramène son nouvel ami à la maison. Après tant d'histoires, le dragon aurait donc fini par apprendre à parler aux jeunes filles !

     

    Un héros pas comme les autres

     

    Même dans les récits pour enfants, le dragon conserve en général un caractère ombrageux. Son rôle de prédateur reconnu le rend prompt à la colère et il s'intègre difficilement à la société des hommes. Pourtant, ce défaut a joué en sa faveur : par ses réactions à chaud, il permet aux lecteurs de s'identifier à lui. Qu'il s'agisse du papa dragon furieux contre son enfant ou du petit dragon désobéissant, chacun reconnaît dans les récits une part de sa vie d'enfant. A travers les aventures du monstres, on trouve fréquemment une réflexion sur les moyens de controler son caractère. Au final, le dragon est souvent un héros prêt à dépasser son naturel pour se faire protecteur et bon père de famille.

     

      

     

     


    10 commentaires



    Suivre le flux RSS des articles
    Suivre le flux RSS des commentaires